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3 novembre 2014

Un paradis trompeur - Henning Mankell

un paradis trompeurUn paradis trompeur

MANKELL, Henning

Points, 2013

ISBN : 978-2-7578-4797-8

7,90€

 

Hanna, jeune fille suédoise doit quitter son foyer peu après la mort de son père. En effet, elle a bientôt 18 ans et sa mère ne peut plus subvenir à ses besoins ainsi qu'à ceux de ses frère et sœurs. Sa mère lui conseille de quitter leur hameau perdu au milieu des montagnes et de suivre un marchand de bois, Jonathan Forsman jusqu'à une ville en bord de mer.
Ne retrouvant pas la famille de sa mère comme prévu, elle reste chez Forsman comme employée de maison. Au bout d'une année, son patron la convoque et lui annonce qu'elle doit embarquer sur un navire à destination de l'Australie pour commencer une nouvelle vie. Nouvelle vie qui va l'emmener vers des contrées qu'elle n'imaginait pas...

Quel beau roman !
Hanna ne connait rien de la vie quand elle part de chez elle, elle n'en sait pas beaucoup plus quand elle embarque sur le bateau. Elle est naïve, sans pour autant être dénuée de caractère. Elle ne sait pas ce qu'elle veut et "suit le mouvement". Quand Forsman lui ordonne de partir en Australie, elle lui dit timidement qu'elle préfèrerait rester mais devant la fermeté de cet homme, elle s'exécute.
Dans la première partie du roman, elle reste assez froide face aux événements. On comprend qu'elle a des sentiments pour son mari mais leur relation n'a rien de passionnel. Sa mort par contre, l'affecte beaucoup. Elle se retrouve à nouveau seule et ne sait que faire de ce vide, de cette solitude. C'est une jeune femme qui ne sait pas encore gérer ses émotions.
Quand elle arrive à Laurenço Marques, elle reste tout d'abord elle-même, se laisse porter par les événements une fois de plus, fait un mariage de raison.

Dans la deuxième partie du roman, elle s'épanouit sans s'en rendre compte. Sans même que le lecteur s'en rende compte. Elle devient une autre femme, plus sûre d'elle et de ses convictions. Bien sûr, elle vit dans une société raciste du début du siècle, une société à laquelle elle adhère tout d'abord malgré ses interrogations avant de se rendre compte de toutes ses incohérences.
La fin est inattendue et sublime. Et on comprend que tout ce qu'elle a vécu l'a finalement amenée à ce moment précis.

Je ne connaissais pas cet auteur avant de lire ce roman. J'ai beaucoup apprécié cette écriture rythmée et simple. Il ne tombe jamais dans le pathos, même dans les passages difficiles.

Ce n'est certainement pas le dernier roman que je lirai de lui.

 

"- Je m'en sortirai avec trois enfants, pas quatre. Tu es grande, tu peux partir, ce sera un soulagement pour toi et pour moi. Je ne chasse pas mes enfants. Je veux juste que tu aies la possibilité de vivre. Ici, tu peux, au mieux survivre, rien de plus."

"Je vis dans un monde où les Blancs brûlent toutes leurs forces à tromper les Noirs et à se tromper eux-mêmes, songea-t-elle. Ils se figurent que les gens qui vivent ici ne se débrouilleraient pas sans eux. Et que les Noirs valent moins qu'eux parce qu'ils croient que les pierres et les arbres ont une âme. Mais les Noirs de leur côté ne comprennent pas qu'on puisse maltraiter le fils d'un dieu au point de le clouer sur une croix. Ils sont stupéfaits par ces Blancs si pressés que leur cœur lâche très vite, épuisé par la poursuite effrénée de la richesse et du pouvoir. Les Blancs n'aiment pas la vie. Ils aiment le temps, qui leur manque toujours.
Mais avant tout, ce sont les mensonges qui nous tuent, pensa Ana. Je ne veux pas ressembler à Ana Dolores, convaincue que les Noirs ont moins de valeur que les Blancs. Je ne veux pas qu'on puisse graver sur ma tombe que je n'ai jamais su reconnaître la valeur des Noirs."

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